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Toltèque Agile
01/27/2018
Que peuvent bien nous apprendre les religions et traditions, dans le cadre d'une transformation agile des pratiques d'une équipe ?
Et bien... ma foi... Des choses bien intéressantes !
i) Définitions
En ces temps de novlangue, il me semble utile de définir les termes que nous allons employer. Du moins ma définition...
Religion
Une religion est un système de croyances, conçu par des Humains. Ce système s'appuie sur une figure historique sensée le légitimer. En ce qui nous concerne, une religion se caractérise par
La religion catholique apostolique romaine, par exemple, impose une profession de foi :
Je crois en Dieu
le Père tout Puissant
...
Je crois... à la sainte église catholique
...
Bref, Dieu et cette institution humaine sont des objets de foi imposés au "Croyant".
Je ne connais pas suffisamment les autres religions (Judaïsme, Islam) j'imagine que c'est du même acabit.
Un point important à noter : bien et mal sont des valeurs morales.
Nous retrouvons cette conception du monde dans d'innombrables œuvres, par exemple Star Wars.
C'est le point important qui m'intéresse ici : les actions tombent dans l'une des deux catégories :
Notez quatre points importants.
Étant donné que c'est la relation à l'agile qui m'intéresse ici, je n'irai pas plus loin. Disons simplement qu'une religion pouvait être utile pour transmettre des notions telles que "ne pas tuer" ou "ne pas voler". Aujourd'hui, cela fait partie de nos codes civils. Entre temps, l'expérimentation scientifique aura fait voler en éclat bon nombre de croyances dogmatiques. Un religieux ferait bien de s'intéresser, tout simplement, à l'histoire des religions, à l'épistémologie...
Tradition
Une tradition est à l'opposé d'une religion. C'est la distinction entre christianisme originel et catholicisme. Un peu comme entre marxisme et stalinisme. Une tradition propose des pratiques et concepts dont le but est que le pratiquant expérimente lui-même. Citons entr'autres
Notons en particulier que le "mal" n'a pas de valeur morale. C'est plutôt un aspect "technique" dont le but est l'amélioration. Dans la voie toltèque, c'est d'ailleurs la distinction vérité/mensonge qui est proposée. Notez que Jésus le Christ a dit quelque chose comme "Seule la Vérité vous sauvera". Faire des erreurs fait partie de notre condition humaine. C'est "technique" pour reprendre les propos d'Alexandre Rougé dans son ouvrage remarquable les Cathares 700 ans plus tard.
Je prends souvent, avec mes Clients, l'analogie à l'apprentissage du vélo. Comment imaginer cet apprentissage sans tomber ?
Dans une perspective religieuse, tomber c'est faire mal (se faire mal aussi parfois...). Imaginez un parent qui considérerait cela comme une faute, qui punirait le gamin à chaque chute. L'erreur est un moyen qui permet de s'améliorer. Par exemple "tiens là j'ai mal freiné" signifie que le freinage n'était pas adapté, ce n'était pas le freinage juste pour reprendre un langage bouddhiste.
ii) Agile ?
Je vois aujourd'hui au moins deux applications à une transformation agile.
Auto-amélioration continue
Vous connaissez certainement ces pratiques d'amélioration, déclinaisons du 12ème principe agile. Se pose la question, typiquement de Coach, qui est :
dans quelle mesure les personnes ont-elles la permission, la protection, pour expérimenter ?
Autrement dit, dans cette organisation, y a--t-il droit à l'erreur ?
Ou bien, l'erreur ne serait-elle pas une faute morale, sujette à punition ?
Il est donc important de s'assurer que l'erreur est une technique d'apprentissage, comme pour le vélo. Sinon, les personnes seront naturellement dans une attitude méfiante, qui annihilera toute tentative d'amélioration politiquement incorrecte.
Notez aussi qu'il ne s'agit pas de tomber dans un dogme tel que "la rétro c'est après chaque itération". Faisons preuve de discernement. Parfois, d'autres pratiques d'amélioration sont plus pertinentes.
Ayatollahs de la bien-pensance agile
Enfin, nous voyons apparaître, au sein même de la communauté agile, des censeurs qui décident de ce qui est bien... ou mal (au sens faute morale que j'évoquais précédemment).
Au nom de quoi... ?
Ajoutez à l'agile incompris un zeste d'écologie, un soupçon de new-age artificiel et vous obtenez un magnifique cocktail clivant en termes de bien et de mal.
Pour ma part, et j'avais esquissé ma position dans Agile c'est comme ça, je crois que les situations sont bien plus subtiles.
Quid de l'intention... Des principes, voire des dogmes, en jeu dans la pratique ?
Prenons trois exemples simples.
En conclusion, j'ai la conviction qu'une démarche agile se rapproche sensiblement d'une tradition, en termes d'expérimentation concrète, d'amélioration, de champs des possibles.
À l'opposé d'une religion, de son clergé, de son sens de la morale culpabilisante.
Errare humanum est
Perseverare diabolicum
Le droit à l'erreur
Le devoir d'apprendre de l'erreur.